« La dernière fois que nous avons mangé de la viande c’était il y a cinq mois »

« La dernière fois que nous avons mangé de la viande c’était il y a cinq mois »

Assise sur l’un des lits du centre de stabilisation soutenu par Action contre la Faim, Bushra regarde son fils Hamed, âgé de 5 mois. « L’enfant va vivre » lui ont expliqué nos équipes sur place. Cette nouvelle constitue un immense soulagement pour la jeune femme qui vient de perdre l’un de ses enfants. 

Je suis allée à l’hôpital d’Hodeidah avec mes jumeaux. L’un d’eux avait des problèmes à l’estomac, puis les médecins m’ont dit qu’il avait de l’eau dans les poumons et il est mort.

Sous le choc, Bushra ne sait que faire. Elle quitte finalement l’hôpital sur les conseils de ses proches et se rend au centre de stabilisation à Hayis. Sa belle-sœur l’a rejointe et prend soin de Hamed pendant que Bushra les observe, hagarde. Après les premiers tests réalisés par le personnel d’Action contre la Faim, il est établi que le petit garçon souffre de malnutrition aigüe sévère.  « Il répond bien au traitement, il mange maintenant », explique la belle-sœur de Bushra, soulagée.

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Hamed est arrivé au centre de stabilisation il y a quatre jours, accompagné de sa mère et de sa demi-soeur. Yemen – 2016 © Florian Seriex

Il y a plus de 300 000 enfants souffrant de malnutrition au Yémen et la situation dans le pays était déjà critique avant le début du conflit. Un an de guerre n’a fait qu’amplifier les besoins.

Mariée depuis ses 11 ans, Bushra dépend entièrement de sa belle-famille. Leur situation a changé depuis la mort de son beau-père il y a quelques mois. L’homme prenait à sa charge une grande partie des dépenses de la famille comme c’est la coutume au Yémen. Depuis son décès, c’est au mari de Bushra de remplir seul cette tâche. Le travail dans les champs se fait rare, il n’est pas bien rémunéré et les finances de la famille s’en ressentent. 

Avant la guerre, nous mangions de tout mais les prix ont fortement augmenté, nous avons été obligés de changer notre alimentation. La dernière fois que nous avons mangé de la viande c’était il y a cinq mois, pour la naissance des jumeaux car c’est une tradition chez nous.

L’inflation, la perte d’emploi, la raréfaction des biens provoquées par le conflit impactent lourdement la vie de foyers qui parvenaient à survivre auparavant et se retrouvent désormais en crise.

 

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Le centre de stabilisation soutenu par Action contre la Faim à Hayis. Yemen – 2016 © Florian Seriex